7. REMARQUES SUR LES VASES DECORES AVEC LA FIGURE DU BES HEDVIG GYORY A la 18eme Dynastie, une nouvelle divinit6 apparait dans le pantheon egyptien, mais qui n'est pas sans precedent. Sur le relief representant la scene de la naissance d'Hatchepsout a Deir el-Bahari, pres de la deesse hippopotame Ipet, sous le lit de l'enfant venant au monde, est debout Bes, l'aime d'Hathor. La premiere apparition du dieu nain ne se trouve pas peut-etre par chance dans le temple d'une femme-pharaon qui est tellement fiere de son expedition au Pount, quoique la figure de Bes ne presente pas encore des traits negroides. Des ce temps-la, Bes se trouve de plus en plus frequemment sur les representations, sa figure se canonise graduellement, son role se consolide. I1 gagne du terraine dans la petite statuaire, et des le temps d'Amenhotep III sa figure se trouve fr6quemment sur les objets quotidiens. C'est aussi la date de la premiere jarre avec la figure de Bes (Rowe 1940, 57 n.2, pl. XLVI.A.3,4). En connection avec cette jarre, Charvat (1980) suggere que les premiers exemplaires pouvaient etre prepares en signe de la soumission syrienne en tant que dedicaces au Temple. C'est que les masques de Bes portant des traits syriens passent sur les formes du dieu Bes, qu'elle soit d'origine syrienne ou nubienne (Guidotti 1978), s'attache au peuple du Midi pendant la 20eme Dynastie: dans la tombe d'Iymiseba (Ramses IX), parmi des tributs des Noirs, se trouvent des vases au couvercle decore avec le masque de Bes (Wreszinski 1923-35, 224, TT 65). Au Nouvel Empire, la majorit6 des jarres encore en grande dimension, decorees avec la figure de Bes en relief, provient des centres (Gurob, Deir el-Medineh, Thebes), mais elles se trouvent aussi au lieux moins grands (Leeds 1922, pl.2 11, en haut; idem 1931, 46). Elles ne viennent plus des domaines des temples.' La majeure partie se trouvait dans les maisons. Vu sa presence a Deir el-Medineh (Bruyere 1939, 93-108), il est probable, qu'elles etaient employees avec des vases a tete d'Hathor pour libation surtout ablution dans la maison des couches moyennes et inf6rieures pendant les ser- vices a domicile. Comme la figure des deux divinit6s se trouvent ensemble dans les Remarques sur les Vases groupes, il est vraisemblable qu'elles se rattachent au nouveau culte de la vache Hathor, elargi de celui de Bes. Dans les textes, Bes se presente pres d'Hathor au cours de son voyage au Sud, et il l'amuse et l'apaise avec la musique de tambourine et avec sa dance (cf. Junker 1911). En dehors de l'amusement, des plaisirs, de la gaite, leur trait commun est encore leur presence a la naissance.2 Aussi la peau feline les rattache-t-elle puisque Hathor etait en furie au Sud dans sa forme de lionesse, comme Tefnout, et sa tete se trouve sur ses vases aussi entre deux pantheres.3 Probablement leur rapport avec le mythe d'Horus se developpait deja au Nouvel Empire. C'est l'explication probable de la representation du marais aux papyrus aupres de la tete d'Hathor sur les vases qui ont ete decouverts avec des amphores, des cuvettes, des jattes, des ecuelles et des coupes orn6es de tete d'Hathor peintes ou trait6es en relief (Bruyere 1939, 103). Jusqu'a la fm du Nouvel Empire, les jarres a tete d'Hathor disparaissent graduellement et, entre temps surtout apres ce changement, la quantit6 et le cercle d'expansion des vases decores de la figure de Bes agrandit. La dimension des jarres diminue, la forme change. La majorit6 provient de la Basse Egypte. Guidotti (1983: 33-65) a divise les vases decores avec le masque de Bes de Basse Epoque en deux types, qui etaient employes parallllement. Parmi les jarres du type A se trouvent d'abord des grandes, puis des petites jarres, qui ont a peine des cols, et leur ouverture se termine par rebord. Sur la partie superieure du corps et sur le col se voit une decoration fort stylisee en relief, qui represente en dehors de la tete de Bes, plusieurs fois meme les bras de celui-ci. Le diademe de plume ne se presente plus. Le premier groupe du type B est prepare de l'argile fine et blanchatre avec des murs minces, de relativement petites dimensions. La decoration en relief, appliquees ou gravee, se trouve sur le corps, et est achevee assez detaillee, avec les bras qui sont anormalement petits. La matiere du deuxieme groupe, prepare parallellement, est un peu grossiere, mais aussi blanchatre, la decoration est d6finitivement stylisee, les bras sont disparus. Tous les deux groupes datent en majorit6 de l'epoque saite. La division faite par Charvat (1980, 46-52, en particulier 50) est diff6rente. Son premier groupe est d6core avec des touffes d'argile, gravees ou estampillees. Le deuxieme, en dehors des touffes oblongues d'argile, contient encore un peu de gra- vures. Sur le troisieme se trouvent seulement les petits yeux ronds stylises et le nez. II mentionne encore des exemplaires de transition parmi les pieces du Nouvel Empire et de la Basse Epoque. I1 parle des compositions complet6es par une branches de palme, couteau et sistre. II connait tous ces trois groupes de l'6poque safte, mais la majorit6 appartient aux premier et troiseme groupes. Quelquefois, on ne peut voir qu'une touffe d'argile. II mentionne quelques exemplaires uniques de la fm d'6epoque, qui sont plus detaill6es. Kuchman Sabbahy (1982,147-49) fait de nouveau deux groupes. Le premier contient des cruches lavees fmement, d'argile chamoise, qui montrent les details du visage a l'aide de petits cercles et arcs. La forme des cruches a des parallelles en Syrie du nord, et elles ont aussi des imitations a cet endroit. Elles se pr6sentent a l'entour de Memphis et du Fayoum. Le second groupe a des vases pr6pares d'argile rouge a gros grains, et ils ont quelquefois aussi des anses et un socle. L'ouverture est exclinee, occasionnellement carinee au double. Le visage de Bes est grossier. Ils se 115 116 Egyptian Pottery trouvent a differentes endroits en Egypte. Les variations de diverses qualites qui peuvent s'expliquer par des raisons economiques, etaient utilisees jusqu'a l'epoque greco-romaine. Elles ne changeaient pas essentiellement. Selon moi il y a deux types de fond, les cruches faites en generale d'argile de mamne, et les jarres prepar6es generalement du limon nilotique. Les jarres du Nouvel Empire etaient remplacees lentement par des jarres plus petites a ventre grand, sans col a vanne, ou bien celui-ci change de forme: il s'etrangle. D'abord il pouvait sig- naler les plumes.4 La representation des bras et des sourcils est devenue occasionnelle. Ces premiere variations5 se trouvent des le commencement de la troiseme periode intermediaire jusqu'a l'epoque saite, mais elles se modifient d6ja pendant cette periode. La phase prochaine du developpement du type est represent6e par les jarres trapues a corps formant une goutte, avec une ouverture large. Elles sont decorees d'habitude seulement avec quelques bosses. Le fond est encore rond. Comme un exemplaire de Meydum montre, elles etaient port6es par une corde ficelee au dessous du col (Petrie, Mackay and Wainwright 1910, pl. XXVII, 138). Quelques exemplaires, surtout leurs imitations, sont connus de la region de Syrie-Palestine.6 I1 y a plusieures places oiu le developpement des jarres est different: elles ont le socle horizontal, le col resserre, le corp allonge. Sur le ventre se voit un visage stylise, mais dessine regulierement. I1 y en a des pieces a panse (Adam 1958, pl. IV au milieu de l'image, en haut; Fakhry 1938, 428-29, pl. LXXIA; Bakry 1968, 37-39, pl. V-VI, X, XII, XIV-XV, 8b, 9b, 14b, 16b, 18b-c). L'autre ligne principal du developpement reflete l'influence palestinienne.7 Ici un corps de forme d'oeuf se formait de la jarre originale, qui se completait avec un col a vanne, et souvent avec le socle plat. Elles ont en general les murs fins, d'argile de mane, bien lavee. Quelques pieces ont le col carin6 du double, ce qui peut s'expliquer vraisemblablement par l'influence perse (cf. Stem 1976, 184). Les exemplaires a cou simple sont connus de la region de Saqqarah et du Fayoum, les derniers aussi du Gerar palestinien.8 Les deux exemplaires du Musee des Beaux-Arts a Budapest appartiennent a ces cruches-la. Elles sont preparees comme d'habitude: sur la partie int6rieure on peut voir des anneaux d'argile produits pendant le tournage; sur la partie ext6rieure, on peut reconnaltre les traces de la rotation. La surface ext6rieure est lissee, la forma- tion du socle etait faite par l'addition d'argile. Une partie du corps des cruches etait deprimee a l'6tat dur comme peau (cf. Yon 1981), et l'application surtout la gravure ou estampillement etait posee pres de celui-ci. Des empreintes digitales t6moignes du travail. La combustion est homogene. L'une d'entre elles est une cruche allonge a corps ovoide, avec un petit socle bas. Le diametre maximum se trouve au tiers bas. A demi haut de corps se trouve l'application habituelle, autour de la deprimation (fig. 7.1A, B; pl. 7.1). L'autre est aussi une cruche allongee a corps ovoide, a l'overture exclin6e, au fond rond (fig. 7.2A, B; pl.7.2). Le diametre maximum se trouve a peut pres au milieu. Pres de la deprimation se voient des touffes d'argile posees negligemment. Au course de la Basse Epoque, meme la fonction des vases est changee. Parallellement au renforcement des cultes funeraires, elles sont devenues des objets rituels d'enterrement (Spiegelberg 1902, 175; Homblower 1930, 16; cf. les morts ont re,u de l'eau, Fakhry 1942, 165-66) et, probablement, elles contenaient les offrandes de lait pour le mort. Elles n'ont pas perdue meme leur role cultuelle non plus, puisqu'il Remarques sur les Vases 0 ' 4) WI t . o 10~~~~~~o ~~~~~~ ;a~ > U5 . 117 118 Egyptian Pottery W1 ) > ll $ A) 4 tKq C6U 0 0u N4.) -4 *_ ce 0 U, Remarques sur les Vases Plate 7.1 Vase decore avec la figure du dieu Bes. 51-2077. h.: 14.2 cm; h. corps: 9.1 cm; diam. rebord: 5.7 cm; diam. max.: 8.6 cm; diam. socle: 4 cm. Buff Marl A, Var. 2; mohs 4, 5. Provenance inconnue. A part les breches sur le rebord et sur le socle, elle est d'une conservation parfaite. Plate 7.2 Vase decore avec la figure du dieu Bes. 51-1522. h.: 14.6 cm; h. corps: 11.4 cm; diam. rebord: 5.7 cm; diam. corps: 9.7 cm. Argile brune claire de Marl A, Var. A; mohs 3. Provenance inconnue. Rebord ebreche, surface patinee. 119 120 Egyptian Pottery y a des jarres qui proviennent d'une maison. Elles pouvaient fonctionner aussi au cours de 1'epoque greco-romaine comme objets cultuels (Sauneron 1963, no. 120; Adam 1958, 301-3, pl. IV, image en haut, au milieu, d'une maison ptolemaique 'a Mit Ya'ish). Mais l'identification de la personne representee devait etre deja incertaine. La confusion fr6quente des touffes plastiques sur les vases fait allusion a l'obscurit6 concernant le sens originel. Cependant, au cours de l'epoque gr6co-romaine, un nouveau type des vases A tete de Bes apparaissait (p. ex., Kaufmann 1913, 134, fig. 122), dont la forme et l'execution different completement de celles des vases de la Basse Epoque. NoTEs 1 Par exemple, dans le temple de Thutmosis IV a Gourna, "Casa dei Sacerdoti," ils se trouvent avec des jarres A tete d'Hathor (Giodotti 1978, 110). 2 Cf. les 7 Hathors du Prince predestine et Bes, guardien de 1'enfant Horus; Plutarch, De Iside, 18. 3 Par exemple, Bruyere 1939, 104, fig. 37; entre deux chats, ses pendants doux; Vandier 1964, 55-146, fig. 12a, aupres de la vache d'Hathor, fig. 12b; Hayes 1959, 359. 4 Cf. Petrie 1888, 65, pl. XXXV.65, du tombeau 9 A Defenneh. La cruche de Torino no. 695 pouvait etre preparee sous l'influence de celle-ci (sur le bras gauche une situle; les deux lignes verticales sont les traces des jambes). 5 Petrie 1909a, pl. LIV, 844-45, 826-28; idem 1888, 65, pl XXXV. 64-65; Rosellini, 1834, no. 125, pl. LVI; Dunham and Janssen 1960, 55, no.28-1-169, fig. 26; Downes 1974, 15, 28, 46, fig. 144, 144A, 144B. 6 Macramallah 1940, pl. 38, au milieu de la ligne derniere, 77; Petrie 1906, pl.XXIA, 34-35, 19, pl. XXXIXF, 177-84,49; Petrie and Mackay 1915, no. 48, pl. XI, 7, pl. XXXIII, 47; idem 1888,65, no. 66, pl. XXXV; Petrie, Mackay and Wainwright 1910, II,22,37, pl. XXVIII.138; Engelbach 1915, 21, pl. XXXIX, 109-10; Anthes 1959, 25-26, pl. 17e/47, 48, fig. 5; Anthes 1965, 145, pl. 60/434, 436; Guidotti 1983, fig. 27-30; Petrie 1928, 22, pl. LIX/76V, 78c, f=Duncan 1930, 78c, f. Pour l'adaptation syro-palestinienne, cf. Woolley 1914-16, 115-29, pl. XXVII; Stern 1976a, pl. 32B.E; idem 1976b, 70. 7 Rawson 1954, 164ff; Oates 1959, 130-146. Ces formes se rappellent beaucoup aux formes des beakers assyriennes du 8-7eme siecles av. J.C., oiu le mur du vase etait aussi d6prime volontairement. 8 Petrie, Wainwright and MacKay 1912, pl. XXXVI, 118; idem 1889, pl. XIV, 3; Petrie 1890, pl. XXIV, 27; Lauer 1939, 451, fig. 37-38; Perrot and Chipiez 1884, 820-21, fig. 548; Description de l'Egypte 1823, pl. 75,7; Pharaonendtimmerung 1990,56, le premier vase dans la ligne superieure; Fabretti, Rossi, and Lanzone 1882,474, no. 3554-55; Guidotti 1983, figs. 9, 26, 59. Avec le col carine au double: De Morgan 1895,43,45, fig. 94; Jdquier 1928, 35, fig. 36; Petrie 1928, 22, pI. LIX, 78M; W. Golenischeff 1891, 330, no. 2277; Birch 1873, 29, no. 13; British Museum 1922, 261, no. 10; Fabretti, Rossi and Lanzone 1882, 474, no. 3553, pl. III. 207; Meisterwerke altdgyptischer Keramik 1978, 209, no. 356; Price 1897, 404, no. 3345; Guidotti 1983, fig. 31-32. Remarques sur les Vases REFERENCES ADAM, SHEHATA 1958 "Recent Discoveries in the Eastern Delta (Dec. 1950 - May 1955)."Annales du Service desAntiquites de l'Egypte 55: 301-324. ANTHES, RUDOLPH 1959 Mit-Rahineh 1955. Museum Monographs. Philadelphia: The University Museum, University of Pennsylvania. 1965 Mit-Rahineh 1956. 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